Assassinat de Samuel Paty : 1 an plus tard, confidences d’eleves et professeurs

Assassinat de Samuel Paty : 1 an plus tard, confidences d’eleves et professeurs

octubre 21, 2022 nobody connexion

Assassinat de Samuel Paty : 1 an plus tard, confidences d’eleves et professeurs

Face a ses eleves, Florence a craque.

Justine venait de parler des caricatures de Charlie Hebdo en classe la veille. Soraya, musulmane et enseignante, s’est sentie attaquee en salle des professeurs. Shaima regrette le silence des enseignants. Pour France 24, des eleves et des professeurs ont accepte de raconter comment l’assassinat de Samuel Paty, depuis 1 an, les a affectes.

Le 16 octobre 2020, le professeur d’histoire-geographie Samuel Paty, 47 annees, est poignarde puis decapite pres de le college a Conflans-Sainte-Honorine avec Abdoullakh Anzorov, un refugie russe d’origine tchetchene, abattu apres des faits par la police. Le jeune homme de 18 annees, radicalise, reprochait a l’enseignant d’avoir montre en classe des caricatures de Mahomet, au cadre d’un lei§ons sur la liberte d’expression.

Le tueur avait pris connaissance du concept de une telle heure de file par une video diffusee via Internet, et dont l’auteur, Brahim Chnina, est le pere d’une collegienne. L’adolescente, visee avec une exclusion pour indiscipline, avait menti a son pere : une telle derniere avait assure avoir ete sanctionnee Afin de s’etre elevee contre la demande de Samuel Paty faite a toutes les eleves musulmans, selon i§a, de se signaler au cours de votre cours.

Un an apri?s, France 24 donne la parole a des enseignants et des eleves, marques via une telle attaque terroriste contre 1 professeur, et par les suites de cette affaire et son traitement en agences scolaires.

Florence*, professeure d’histoire geographie au lycee : “On reste nombreux a avoir craque devant nos eleves”

Au moment ou Samuel Paty reste assassine, Florence se deniche a la terrasse d’un cafe, a Paris, ou elle est venue assister a une conference. Notre trentenaire ne bosse gui?re votre jour-la, veille des vacances d’la Toussaint. “En apprenant cela s’est passe, j’ai decide volontairement de ne point lire les journaux parce que ca m’a profondement affectee. Litteralement, j’ai cru que j’allais m’effondrer”.

“J’ai pris le train Afin de rentrer chez moi”, poursuit-elle. “A Paris, d’anciens collegues me disaient qu’ils allaient manifester avec des enseignants, qui se sont rassembles, 1 semaine apres la mort de Samuel Paty, place d’la Republique. J’aurais aime etre Parisienne, ca m’aurait fera du bien de partager ce moment avec eux”. A defaut, en pleines vacances scolaires, Florence se retrouve seule, deux semaines durant, sans i?tre capable de en parler avec des collegues. “Je suis restee au doute, avec des directives de ma hierarchie tres fluctuantes. Je me demandais De quelle fai§on on allait gerer ca a la rentree, s’il y allait avoir un temps de recueillement…”, regrette votre professeur d’histoire geographie dans un lycee de l’academie de Nantes.

Plusieurs gens se rassemblent sur la place d’une Republique a Paris, le 18 octobre 2020, en hommage au professeur d’histoire Samuel Paty, 1 semaine apres sa mort. © AFP

Lorsque le ministere de l’Education annonce qu’une minute de silence aura lieu a la rentree, y compris en ecoles primaires, votre mere de famille pense immediatement a ses deux gamin de 7 et 8 annees qu’elle souhaite preserver. “Un prof d’histoire geo – comme leur maman – a ete assassine dans des conditions atroces”, rappelle-t-elle. “La violence de ce qui s’est passe m’a profondement choquee. On entendait ca en Irak ou en Syrie, mais gui?re en France. Couper la tete de quelqu’un avec un couteau de boucher, c’est horrible.” Florence, qui coupe radio et television tel a le habitude quand ses fils seront presents, prefere un expliquer cela s’est passe avec ses propres mots, “plutot qu’ils debarquent dans la cour a la rentree et que ca leur tombe dessus”. “J’ai aussi ecrit a leurs enseignantes pour les prevenir et elles ont ete exceptionnelles. Je me souviens que l’institutrice de CP du gamin m’a appelee d’emblee pendant des vacances pour me rassurer par telephone”.

Puis la rentree arrive avec son lot d’incertitudes liees au contexte sanitaire de l’epoque. En octobre 2020, la France vit un pic de deces lies a la pandemie de Covid-19, ainsi, le protocole sanitaire en agences scolaires ne permettra nullement d’envisager de reunir l’ensemble des eleves pour un moment de recueillement. Dans le lycee de Florence, la direction requi?te a chaque professeur d’organiser une minute de silence dans sa salle de classe a 11 heures. “On est nombreux a avoir craque devant des eleves. Moi je n’ai nullement reussi a lire la lettre de Jean Jaures a toutes les instituteurs en entier. J’me suis mise a pleurer. Un de mes eleves de terminale s’est leve. Cela a lu le texte a ma place jusqu’a J’ai fin, sans que je ne demande rien”.

A votre moment-la, l’enseignante se sent incapable d’en faire plus, ni d’y consacrer 1 file d’une heure. “J’etais encore trop dans l’emotion et je n’arrivais gui?re a prendre une distance. On a envoye devant des eleves un groupe d’adultes totalement traumatises par cela c’etait passe, sans meme se dire qu’il fallait d’abord s’occuper d’eux, avant de s’occuper des eleves.” Decue, Florence attendait de sa hierarchie l’organisation d’une heure banalisee, durant laquelle des professeurs auraient pu ne serait-ce qu’echanger entre eux, Afin de “digerer la nouvelle”. “J’ai eu le sentiment que les individus ne prenaient pas la mesure des match nobody choses”, repete-t-elle.

J’ai professeure d’histoire geographie a deja montre des caricatures de Charlie Hebdo a ses eleves, “au moment des attentats de Charlie [en janvier 2015], car on avait demande aux profs ma discipline d’expliquer les evenements aux eleves. Et tout s’est bien passe”, raconte-t-elle sans regrets. “Des caricatures, on en utilise tout le temps en histoire geographie. Le document n’est pas juste une image qu’on colle Afin de valider un propos. C’est un objet d’etude qu’on apprend a decortiquer, a comprendre et a critiquer. Quand on se censure c’est fini, ce n’est plus la peine d’etre professeur”.

Encore aujourd’hui, l’enseignante se dit “marquee” et regrette que le ministere de l’Education ait annonce des hommages en classe a Samuel Paty “a J’ai derniere minute”, “sans preparation”, car pour elle “bien commemorer reste essentiel”. “Emotionnellement, ca n’est jamais digere pour moi et la facon dont les choses se reproduisent a nouveau me pose des questions sur l’institution pour laquelle je travaille”, conclut-elle.

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